Distinction essentielle en épistémologie : qu’est-ce qui différencie un savoir d’une opinion ? Cette leçon analyse les critères du savoir (justification, vérité, croyance) et montre pourquoi toutes les opinions ne peuvent être considérées comme des savoirs. 🎯
1. Trois composants classiques du savoir : La tradition philosophique (depuis Platon jusqu’à Edmund Gettier) présente le savoir comme une croyance vraie et justifiée. Autrement dit :
- Croyance : il faut croire que p (être persuadé que l’énoncé p est vrai).
- Vérité : p doit être effectivement vrai (correspondance avec la réalité).
- Justification : la croyance doit être soutenue par des raisons adéquates.
Ces trois critères visent à séparer le savoir de la simple opinion.
2. Exemple pour clarifier : Supposons que Julie croit que « la Lune influence l’humeur ». Si cette croyance est fausse scientifiquement, elle reste une opinion, même si Julie y croit fortement. Si, au contraire, on a des preuves empiriques robustes et reproductibles montrant une influence, la croyance pourrait devenir un savoir si elle remplit les critères de vérité et de justification.
3. Problème de Gettier : Edmund Gettier (XXᵉ siècle) a montré que même une croyance vraie et justifiée peut ne pas être du savoir si la vérité est atteinte par accident (ex. justification basée sur une fausse prémisse qui mène quand même à une conclusion vraie). Cela a obligé les philosophes à préciser le concept de justification et à considérer des compléments (fiabilité des sources, absence de chance épistémique).
4. Opinion : caractère subjectif et social : L’opinion est souvent liée à des préférences, croyances sociales ou jugements non démontrés. Elle peut être informée (opinions éclairées) ou non. En philosophie morale et politique, l’opinion joue un rôle important (débat démocratique) mais ne se confond pas avec le savoir.
5. Critères contemporains du savoir : Les approches modernes ajoutent des critères pragmatiques : fiabilité de la méthode, reproductibilité, transparence des preuves. En sciences, le savoir repose sur des protocoles établis (méthode expérimentale, pair review) — autant de garanties contre la simple opinion.
6. Exemples concrets :
- En histoire, un savoir repose sur des sources, des archives et une critique des témoignages — l’opinion peut être une interprétation personnelle sans fondement.
- En mathématiques, une proposition démontrée est un savoir rigoureux : la preuve est la justification.
Pour transformer une opinion en savoir, il faut vérifier la vérité de l’énoncé et fournir une justification robuste. 🛠️
Astuce mnémotechnique : Savoir = Croyance + Vérité + Justification → CVJ (comme une carte d’identité : Croyance, Vérité, Justification).